Le Wander Atelier présente dans le cadre
du mois européen de la photographie de Berlin
„Quando la felicita non la vedi , cercala dentro“
NAPOLI 1999-2017
Photographies argentiques de Jeanne Fredac
L’exposition rassemble vingt ans de photographies sur Naples. La série commencée en 1999, scrute divers aspects de la ville. Une balade psychogéographique qui nous guide du centre historique aux bâtiments des années 1960, des « Vele », décor du film Gomorrah, à l’architecture brutale d’Aldo Loris Rossi. Si l’architecture domine la série, elle ne peut néanmoins s’y réduire. Jeanne Fredac nous invite à découvrir l’âme et le corps de Naples : la mer, les marchés aux poissons et, bien sûr, la religion ici si étrange – mélange de rites païens et de catholicisme. L’exposition suit la transformation de la ville ainsi que le développement du travail artistique de la photographe sur vingt ans : des images classiques en noir et blanc aux dernières expériences sur la sensibilité et l’éclairage du film. Les photographies sont accompagnées d’un long texte de Jeanne Fredac, préfacé par Erri de Luca. La série comprend des centaines de photographies, quarante seront présentées à l’exposition, sous la forme de deux très grands collages.
La fille voulait un pays pour y disparaître tout entière, un pays qui laboure la mémoire. Peut-être cela venait des regrets de la jeunesse, de l’admiration pour un genre masculin introuvable. Elle s’essaya au coup de fouet qui fait sauter la bête féroce dans le cercle de feu. Savez-vous que la bête sauvage se brûle le poil pendant l’exercice et que cette odeur lui enseigne sa dégradation. La fille, après le saut dans le cercle de feu, atterrit à Naples. Pour vivre un lieu de chaos on a besoin de fièvre. Sans la malaria le missionnaire n’est pas habitant d’Afrique. La fille, dans la ville contracte des fièvres de visions. Elle décide de les transcrire rasant les murs de la cité déjà infiniment écrite. Elle est une novice à ses premiers tressaillements dans les murs du couvent. La ville lentement tissée, s’extirpe du treillis pour venir la rencontrer. La cité aime les novices, se révèle à eux qui n’ont les bagages qu’à moitié défaits. La fille aborde les croisements avec une confiance aveugle, indifférente à son propre sort. La ville adopte quelques enfants préférés et se dévoile à eux alors qu’elle se cache pour cent ans à ses habitants. La mère dénaturée aime plus les vagabonds, les bâtards que ses propres fils. Ainsi la fille fut choisie par la ville pour se raconter. Dans l’écriture et les photographies, frétille l’évidence d’une vérité soudaine et inattendue, dosée d’espaces blancs et de croisements noirs. La fille, plus d’yeux que de mains, plus de cheveux que de jambes, enfile les venelles, comme le tailleur avec l’aiguille, ajuste la reprise avant de briser le fil entre ses dents. Elle a une saine innocence qui décourage les appétits masculins, d’abord il faudrait la nourrir pensent-ils derrière son dos. Ainsi, elle passe une éponge de vinaigre sur la face des lieux et les voit, vibrations des sens entre le fouet et le baiser. L’exposition qui offre une balade frappant aux portes des échoppes est le résultat réussi d’un équilibre entre la ville et elle. Entre eux est passée la rare intimité de l’incident, du choc, de l’erreur
Erri de Luca
WANDER ATELIER
29.09. – 04.12.2018
Falckensteinstraße 45
10997 Berlin – Kreuzberg
Mercredi 14h00-18h00
Je-Ven 12h00-18h00
Samedi 11h00–15h00
Transport
U1 Schlesisches Tor
S3, S5,S7,S9 Warschauer Str